Préfaces de la Directrice Générale de l’UNESCO et de Son.Exc.Dr. SOK An
![]() |
|
Angkor est le lieu d’une aventure humaine et scientifique extraordinaire, et l’action pour la sauvegarde et le développement de ce site culturel exceptionnel restera comme un exemple éclatant de solidarité internationale.
Mis en oeuvre il y a vingt ans à la suite de la déclaration de Tokyo, à l’appel de feu le Roi-Père NORODOM Sihanouk, le Programme international pour Angkor se distingue par son approche novatrice, associant étroitement les opérations de sauvegarde aux efforts en matière de développement durable. La richesse du patrimoine du Cambodge donne la pleine mesure du rôle de la culture pour l’identité des peuples, la connaissance de leur histoire et la maîtrise de leur destin. L’attachement des Cambodgiens à ces temples millénaires a joué un rôle décisif dans la réconciliation et la reconstruction du pays. Au cours des deux dernières décennies, les efforts consentis pour la protection des sites ont également permis le développement de la région, la formation des professionnels, la création d’emplois, etc. Ils ont accompagné, et parfois accéléré, le développement économique et social du Cambodge. Cette orientation stratégique a pris sa pleine dimension en 2003 avec la Conférence de Paris sur le thème du développement durable puis par la création d’un groupe d’experts sur ce sujet. Angkor est ainsi devenu en 20 ans, un laboratoire vivant des liens entre la culture et le développement durable, faisant la preuve du potentiel du tourisme durable, de l’artisanat, de la pleine mobilisation des communautés locales pour le rayonnement et la cohésion de toute une société. Les expériences menées à Angkor sont une source d’inspiration pour d’autres sites du patrimoine mondial et c’est en s’appuyant notamment sur l’exemple d’Angkor que |
l’UNESCO milite pour la pleine reconnaissance de la culture comme accélérateur de développement durable.
Innovant dans son approche, le programme international pour Angkor l’est aussi depuis le départ dans son mécanisme de mise en oeuvre, avec la création du Comité international de coordination pour la sauvegarde et le développement du site historique d’Angkor (CIC-Angkor) dont l’UNESCO assure le secrétariat permanent. Je saisis l’occasion d’en saluer les créateurs, le Cambodge, la France et le Japon, et tous les États membres associés dont l’engagement est un symbole fort de la solidarité morale et intellectuelle chère à l’UNESCO. La sauvegarde de tout site historique requiert une approche globale, couvrant toutes les dimensions du patrimoine, du bâti, des documents et des traditions qui leur donnent sens. Depuis l’inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial en 1992, l’UNESCO promeut cette vision élargie du patrimoine à Angkor, fondée sur la préservation, l’aménagement du site respectueux de son environnement et le développement porté par les communautés locales. L’UNESCO est garante des actions de la communauté internationale pour la mise en valeur de notre patrimoine commun, et nous continuerons de nous mobiliser sans relâche, pour protéger et promouvoir ce site de valeur exceptionnelle universelle. À travers cette publication scientifique, nous célébrons un anniversaire et nous voulons aussi rendre hommage à tous celles et ceux qui ont porté ce projet et dont la détermination continue de nous inspirer. |
![]() |
|
La protection pérenne d’ANGKOR s’impose à l’ensemble des Cambodgiens comme une tâche collective et un devoir individuel. Telle est (outre la référence identitaire et le témoignage de la fierté nationale) la signification de la présence de la silhouette du temple d’Angkor Vat sur notre drapeau national.
Ainsi s’explique également la constante sollicitude dont ce site prestigieux a fait et continue de faire l’objet, de la part des plus hautes instances de l’État, depuis deux décennies. Feu le Roi-Père, Sa Majesté NORODOM Sihanouk, prit, dès 1991, l’initiative de proposer l’inscription d’ANGKOR sur la Liste du patrimoine mondial (UNESCO). Son successeur, Sa Majesté NORODOM Sihamoni, a daigné accepter, au lendemain de Son intronisation d’être le président d’honneur du Comité international de coordination (C.I.C.) pour Angkor et Il se tient, périodiquement, au courant des travaux menés sur le site. Le Gouvernement royal, sous la conduite de Son Excellence le Premier Ministre, Samdech Techo HUN Sen, soutient sans cesse la mise en oeuvre des programmes de conservation et de développement durable à Angkor et dans sa région, en priorité Siem Reap. De son côté, la communauté internationale, partenaire de l’Autorité nationale APSARA, gestionnaire du site inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial, reste pleinement engagée sur le terrain et les projets qui s’y développent ont, à ce jour, atteint le chiffre impressionnant de 58 et plus, relevant de 15 pays. Et nous savons, d’ores et déjà, que nous n’allons pas en rester là… Mais, à ANGKOR, la situation du patrimoine est complexe et sa gestion réunit de multiples approches, des techniques et des technologies avancées, des compétences larges et variées. |
De fait la superficie du site inscrit est considérable : 401 Km2 (soit sensiblement 40 000 ha). Ce site, fleuron de la Liste, est d’une complexité unique en son genre. Il est à la fois : un site archéologique, un ensemble de monuments historiques, une forêt, un paysage culturel, un système hydraulique ancien, un cadre authentique de vie et d’activités rurales, un riche conservatoire de culture immatérielle, enfin une destination touristique mondialisée.
Par ailleurs notre tâche se complique par la double pression exercée sur l’intégrité du site d’Angkor : a. l’une, endogène, provenant des habitants qui, au nombre de plus de 100 000, vivant dans 112 villages et hameaux dispersés à l’intérieur du site, cherchent de façon constante à étendre leur logement : ce qui menacerait le site archéologique ; b. l’autre, exogène, liée au voisinage de la ville de Siem Reap, cheflieu de la province et lieu d’accueil et de séjour des touristes : l’extension urbaine rampante risque de s’orienter vers les limites du site éco-historique. Nous sommes conscients des défis comme l’est, avec nous, la coprésidence du C.I.C., assurée vaillamment par la France et le Japon. Pendant la décennie qui s’annonce sous d’heureux auspices, nous veillerons tous à ce que la situation globale des zones protégées reste satisfaisante, tout en accordant toute l’importance qu’il faut à la pression due au développent touristique et en assurant au mieux la gestion durable du site, nous ne perdons jamais de vue l’essentiel : les valeurs qui ont justifié l’inscription d’ANGKOR sur la Liste du Patrimoine mondial reposent en grande part sur l’authenticité des monuments et l’intégrité du site. Notre effort commun visera à préserver cette authenticité et à sauvegarder cette intégrité. |