1SP.2
2. ORIENTATIONS STRATÉGIQUES
Les experts ont identifié, en matière d’orientations stratégiques, cinq questions principales (domaines d’intérêt essentiel) ci-après détaillées et ils ont recommandé qu’elles servent de référence pour toutes les interventions ultérieures qui pourront avoir lieu sur toute l’étendue du site historique d’Angkor :
A. SECURITE ET PROTECTION
B. PRESERVATION, RESTAURATION ET PRESENTATION
C. RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE
D. ENVIRONNEMENT ET HYDROLGIE
E. STRATEGIE D’INFORMATION
Le présent rapport examinera successivement les recommandations de la consultation d’experts pour chacune de ces questions ou domaines d’intérêt essentiel.
A: SECURITE ET PROTECTION
Étant donné que la sécurité soulève de plus en plus de problèmes, comme l’atteste la poursuite des vols de sculptures faisant partie des monuments d’Angkor et d’objets entreposés à la Conservation d’Angkor, les experts ont recommandé que des mesures soient prises d’urgence pour renforcer les conditions de sécurité à la Conservation d’Angkor et pour établir un système régulier de patrouilles et de surveillance du parc d’Angkor en étroite coopération avec les autorités cambodgiennes ainsi qu’avec la police civile et les éléments militaires de l’APRONUC. Les pourparlers que l’UNESCO a actuellement avec les Volontaires des Nations Unies en vue d’étudier la possibilité d’organiser une équipe de « Bérets Verts » pour la protection des biens culturels et de l’environnement dans le monde pourront être suivis de discussions destinées plus particulièrement à mettre en place une équipe de ce genre pour Angkor,
Il est recommandé que des études et investigations structurelles (infrastructure et superstructure) soient entreprises d’urgence sur les « temples montagnes », en particulier au BAKONG (où un mur s’est récemment effondré), à PRE RUP, à PIMEANAKAS (où des tassements d’angles sont une source de préoccupation), au MEBON et à ANGKOR VAT, où les déformations font actuellement l’objet d’une surveillance.
Il est recommandé de procéder à des études de la dynamique structurelle des superstructures des « temples plats », où se produisent des déplacements des fondations établies sur une base de sable, phénomène qui est extrêmement répandu dans les temples khmers et qu’aggravent encore les effets de prolifération de la végétation. Sur la base de ces études et enquêtes, il conviendrait de mettre en place des renforts temporaires de soutènement pour les galeries et les voûtes qui menacent actuellement de s’écrouler.
B. PRESERVATION, RESTAURATION ET PRESENTATION
Il est recommandé que les autorités nationales cambodgiennes (en l’occurrence l’APPNC) promulguent des directives pour l’identification. les fouilles, la protection, la préservation, la conservation et la présentation des monuments historiques et sites archéologiques suivant les normes internationales établies de l’UNESCO et de l’ICOMOS. Les équipes internationales travaillant à Angkor devront naturellement se conformer strictement à ces directives.
Il est recommandé que les travaux de restauration soient précédés et accompagnés d’une consultation approfondie de la documentation existante sur les interventions précédentes, et en particulier sur celles qui avaient été entreprises par l’EFEO et que les diverses missions participant à la restauration associent des archéologues et des historiens à leurs travaux. L’EFEO et les autres équipes qui ont travaillé sur le site devraient faire en sorte que, dans toute la mesure du possible, des copies de toute la documentation pertinente soient déposées au Centre de documentation UNESCO/APPNC à la Conservation d’Angkor et y soient tenues à la disposition de tous les chercheurs et équipes autorises pour consultation.
Il est recommandé que le traitement des pierres ne soit entrepris que si une étude minutieuse a montré qu’il était indispensable à la préservation du monument et si on a la garantie que le processus est réversible et que la valeur esthétique sera pleinement respectée. Il est recommandé que sous les auspices de l’UNESCO, une étude scientifique complète du traitement de la pierre soit entreprise, que les options soient évaluées et que des directives rigoureuses relatives au traitement soient établies pour les travaux de conservation à Angkor.
Il est recommandé de saisir toutes les occasions de former du personnel cambodgien de tous les niveaux, sur le site et ailleurs, et que, en particulier, on associe systématiquement un hydrologue, architecte, ingénieur, archéologue, historien etc. cambodgien, (marne étudiant) à tout expert étranger de même spécialité effectuant une mission de recherche ou d’autres travaux, sur le site ou ailleurs au Cambodge. Les équipes internationales travaillant à Angkor devraient tâcher de financer le coût de la participation des homologues cambodgiens sur le budget de leurs projets.
Il est recommandé d’aménager sur les différents sites, à l’intention des visiteurs, des itinéraires appropriés qui tiennent compte de l’intérêt historique des monuments, mais aussi de la sécurité des visiteurs et qu’une signalisation très claire. en khmer, anglais et français soit placée aux entrées des monuments et que cette signalisation comporte notamment, selon une formule adoptée d’un commun d’accord par les autorités nationales (à savoir l’APPNC) en consultation avec l’UNESCO, les éléments suivants:
- Nom du monument ;
- Numéro de l’autorisation de I’APPNC ;
- Désignation du donateur ;
- Nom de l’agence chargée de l’exécution ;
- Mention du fait que le projet relatif au monument fait officiellement partie du « programme international de l’UNESCO pour la sauvegarde d’Angkor » ;
- Emblèmes du Cambodge, de l’UNESCO, du Patrimoine mondial, et de l’agence chargée de l’exécution.
Il est recommandé qu’un centre d’information des visiteurs soit installé dans le parc par les autorités nationales (à savoir I’APPNC) en collaboration avec I’UNESCO et que des brochures d’information soient préparées pour les principaux sites.
C. RECHERCHE ARCHEOLOGIQUE
En ce qui concerne les recherches archéologiques internationales, il est recommandé que des études, des fouilles d’essai et des datations de matériaux soient entreprises dans le cadre du plan général de développement. Il convient de rappeler que ces travaux devront se fonder sur une connaissance de l’histoire du site et être conformes au normes internationa1es régissant les travaux archéologiques, Tant que le relevé archéologique du site n’aura pas été achevé et que les autorités nationales (à savoir l’APPNC) n’auront pas établi leurs directives pour les fouilles et l’enregistrement, il est recommandé qu’un moratoire complet sur toutes les fouil1es archéologiques, sauf pour les travaux de sauvetage d’urgence. soit strictement appliqué.
Les recherches faites récemment sur 1e terrain au titre du Plan de zonage et d’aménagement de l’environnement ont sensiblement modifié les idées qu’on se faisait jusqu’alors sur le peuplement préhistorique de la plaine d’Angkor. Les tumulus circulaires légèrement surélevés qu’on trouve dans la région d’Angkor sont révélateurs de la densité élevée de l’occupation du site à l’époque préangkorienne, Des dispositions minutieuses devraient être prises pour protéger ces sites anciens du pillage en attendant qu’il devienne possible à l’avenir d’entreprendre des fouilles et des recherches sur cet élément important de l’évolution préhistorique et protohistorique d’Angkor,
Il est recommandé d’examiner avec les autorités cambodgiennes la possibilité pour l’UNESCO de lancer un programme archéologique international comme ceux qui ont été entrepris sur d’autres sites du Patrimoine mondial.
D. ENVIRONNEMENT ET HYDROLOGIE
Les directives et stratégies pour la gestion de l’environnement qui seront recommandées au titre du projet UNESCO/Plan de zonage et l’aménagement de l’environnement, entrepris à la demande du Comité du Patrimoine Mondial, devraient être considérés comme prioritaires et des ressources devraient être dégagées pour leur mise en œuvre. Il est recommandé en particulier que le secteur sur lequel porte le plan de zonage et d’aménagement de l’environnement soit élargi vers l’ouest et qu’on envisage d’inclure la zone marécageuse du Tonle Sap dans le site d’Angkor inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial.
E. INFORMATION ET COMMUNICATION
Un flux continu d’images, notamment satellitaires, aériennes et photogrammétriques, devrait être fourni à l’UNESCO et par l’intermédiaire de l’UNESCO, à toutes les équipes d’experts et à tous les chercheurs isolés travaillant sur le site.
Il est recommandé de mettre au point une stratégie détaillée d’information pour Angkor afin d’organiser l’information abondante, mais souvent dépourvue de cohérence, dont on dispose actuellement. Cette stratégie devrait s’appliquer à tous les types de problèmes juridiques, techniques et pratiques relatifs à la collecte, l’entretien, à la diffusion et à la gestion de l’information. Des copies de toutes les informations disponibles devraient être systématiquement déposées au Centre de documentation UNESCO/APPNC situé à la Conservation d’Angkor, afin que tous les chercheurs et toutes les équipes de conservation qui travaillent à Angkor puissent avoir accès à cette information.