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RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES

Le groupe d’experts ad hoc du CIC souhaite attirer l’attention de l’Autorité nationale APSARA sur un certain nombre de contraintes auxquelles le site d’Angkor est actuellement confronté, suite au succès qu’il rencontre auprès de visiteurs de plus en plus nombreux à se rendre au Cambodge :

1. Une grande extension spatiale des commerces et des restaurants à proximité immédiate des temples les plus en vue de la zone centrale du site, de manière assez désordonnée avec comme on peut le constater tous les inconvénients liés au bruit des générateurs électriques, à l’absence de propreté des lieux, etc.

2. Un stationnement sauvage des différents moyens de transports utilisés qui se sont démultipliés (autobus, voitures, remorques, motocyclettes, bicyclettes) pour conduire les touristes dans le site, créant non seulement une pollution visuelle inacceptable, mais également des embouteillages qui ralentissent considérablement le flux de la circulation. Le stationnement des minibus et des bus sur la Place centrale camoufle la vue et de la Terrasse des Éléphants et de la Terrasse du Roi Lépreux.

3. Un encombrement inhabituel de visiteurs qui arrivent en groupes compacts est tout à fait dommageable à la beauté et l’harmonie des sites notamment à l’entrée des monuments les plus prestigieux et les plus visités, tels que Angkor Vat, Terrasse des Éléphants, Ta Prohm, Sras Srang, Bayon, Takéo, Phnom Bakheng et Banteay Kdei, pour n’en citer que quelques exemples.

Des mesures urgentes devraient être prises notamment pour une meilleure gestion des flux de touristes et une régulation appropriée pour leur accueil. Autant le parvis de Banteay Srei est considéré comme un exemple d’accueil régulé et harmonieux, autant les autres temples qui reçoivent des milliers de visiteurs par jour semblent quelque peu laissés à une forme de gestion chaotique.

L’exemple le plus frappant est celui de l’extension à près de 30 mètres de distance du Temple de Preah Pithu de dizaines de boutiques, restaurants et échoppes de tous genres. Ce temple fait actuellement l’objet d’un projet de restauration menée par une équipe coréenne qui travaille dans des conditions inacceptables, subissant le bruit des générateurs électriques, les odeurs de cuisine et même la pollution des sols avoisinants par le déversement des ordures et des déchets plastiques. Une solution appropriée devra être recherchée pour trouver de nouveaux emplacements plus éloignés de la zone de ce temple aux boutiques et restaurants populaires. À la place des boutiques les plus proches du temple, on pourrait suggérer à l’équipe coréenne de mettre en place un centre de documentation et d’accueil des visiteurs.

Il nous faut rappeler que le site d’Angkor est considéré à l’échelle internationale comme un modèle, notamment par le succès incontestable de système mis en place depuis 1993 du Comité international de coordination pour sa sauvegarde et son développement. Beaucoup de pays souhaitent s’en inspirer comme modèle à suivre. Mais il est de notre devoir, en qualité d’experts ad hoc que vous avez nommés et auxquels vous faites confiance depuis plus de deux décennies, de tirer la sonnette d’alarme.

Le dernier exemple d’une possible altération de l’harmonie du site d’Angkor par cette relation exceptionnelle entre culture et nature pourrait être celle l’implantation de 16 antennes de télécommunications dans la partie centrale du site inscrit d’Angkor. Ce sujet est traité également par mon collègue Expert ad hoc pour le Développement Durable, Prof. Shinji TSUKAWAKI.

N’étant pas spécialistes dans ce domaine des télécommunications, il nous paraît important de faire appel à un expert en télécommunications, dont la tâche serait d’évaluer le nombre d’antennes nécessaires dans ce parc archéologique, site du Patrimoine Mondial, sur la base d’une analyse technique des poteaux porteurs de 30 ou 40 mètres de hauteur, l’étendue de leur couverture et la possibilité d’introduction d’une technologie moins invasive sur un site qui doit conserver avant tout sa valeur universelle exceptionnelle.

Lors de la prochaine préparation par l’UNESCO du Rapport périodique prévu dans le cadre de la mise en œuvre des Orientations relatives à la Convention du patrimoine mondial, il ne pourra pas échapper à la mission de l’ICOMOS et de l’ICCROM, régulièrement chargées de l’évaluation des sites du patrimoine mondial, de prendre note de l’ensemble de ces éléments hélas négatifs pour la bonne gestion et la bonne présentation de ce site pour lesquels nous suggérons aux autorités de l’Autorité nationale APSARA d’accorder toute l’attention voulue, en vue de prendre les mesures qui s’imposent. Il en va de la crédibilité de l’Autorité nationale APSARA, du CIC et de l’UNESCO.