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15. Le projet “The Lake of Wonder in Siem Reap of Naga Group Global Limited”:

L’examen de ce projet a eu lieu en deux temps :

1. d’abord, en séance plénière du CIC le 27 janvier 2021 ;
2. ensuite, en réunion quadripartite du CIC le 4 mars 2021 (France, Japon, UNESCO, APSARA, les deux groupes des Experts Ad Hoc en conservation et en développement durable et Son Exc. la Ministre de la Culture et des Beaux-Arts).

1. d’abord, en séance plénière du CIC le 27 janvier 2021 ;

Après avoir écouté la présentation du projet par les représentants du Groupe Naga, les groupes d’experts Ad Hoc constatent :

 que le projet est un parc de loisirs implanté sur un terrain de 75 hectares situé à environ 500 m de la limite de la zone protégée 2 ou « zone tampon » du site d’Angkor inscrit en décembre 1992 sur la Liste du Patrimoine mondial ;

 que ce projet dispose d’un très grand parc de loisirs qui pourrait être considéré comme un « Disneyland », et destiné à être un des parcs de loisirs les plus grands de l’Asie du Sud-Est.

Tout en ne niant pas l’importance de l’opération d’investissement financière de ce projet, qui pourrait inciter les touristes venant visiter le site d’Angkor à y rester plus longtemps et à y créer d’éventuels emplois en faveur des communautés locales, les groupes d’experts Ad Hoc se demandent si l’Autorité nationale APSARA a exigé que les études d’impact sur le patrimoine culturel et sur l’environnement soient effectuées :

a) l’impact sur le patrimoine culturel :

 Le parc de loisirs est situé à 5 kilomètres du centre du temple d’Angkor Vat, et qu’en est-il des autres temples plus proches ?

 L’impact intellectuel et physique négatif qui affectera gravement à l’image de la Valeur Universelle Exceptionnelle reconnue d’Angkor.

 La taille disproportionnée du projet semble peu compatible avec l’esprit de préservation et de la gestion d’un site iconique tel que celui d’Angkor.

 Le site d’Angkor est sacré pour tous les Cambodgiens et que cette valeur sacrée est vénérée au plus haut niveau du Royaume puisque tous les monarques du passé comme du présent y viennent pour adresser leurs prières.

 La réalisation de ce projet ira vers le changement de l’esprit sacré et culturel de ce site, et « l’esprit des lieux », le « genius loci » reconnu par l’UNESCO risque d’être totalement dilué et constituera une véritable agression culturelle vis-à-vis de la croyance religieuse des Cambodgiens envers Angkor.

b) l’impact sur l’environnement :

 Un plan de circulation a-t-il été prévu pour gérer un flux important de véhicules de toutes sortes vers cet immense parc de loisirs ?

 Des études d’impact sont-elles réalisées sur la pollution et les émissions de carbone que ce projet va générer ?

 Pourquoi ce projet est si proche d’un site du patrimoine mondial,

 Quelles sont les sources d’eau du canal artificiel projetées dans le parc de loisirs ?

 La hauteur des bâtiments prévue respecte-t-elle l’environnement urbain ?

 Où sont les espaces prévus pour le parking ?

Au vu des questionnements présentés ci-dessus, les groupes d’experts Ad Hoc ne sont pas convaincus que le projet « The Lake of Wonder du groupe Naga » soit un « PLUS » pour le site d’Angkor, mais au contraire, il va polluer l’esprit du lieu sacré avec un énorme potentiel culturel et va impacter négativement sur la Valeur Universelle Exceptionnelle du site.

Les groupes d’experts Ad Hoc recommandent que le projet soit rejeté et que le nom d’Angkor doit être protégé et ne soit pas associé à un parc de loisirs pour préserver sa Valeur Universelle Exceptionnelle.

2. ensuite, en réunion quadripartite du CIC le 4 mars 2021 (France, Japon, UNESCO, APSARA, les deux groupes d’experts Ad Hoc en conservation et en développement durable et Son Exc. la Ministre de la Culture et des Beaux-Arts).

Au vu des clarifications apportées par Madame la Ministre de la Culture et des Beaux-Arts, les groupes d’experts Ad Hoc ont noté que seul un bail foncier de location de terrain pour le projet « The lake of wonder in Siem Reap » du Groupe Naga Global Limited, a été signé par les autorités cambodgiennes, en mai 2020, et qu’en conséquence, aucune approbation n’a été donnée et que ce projet est ainsi abandonné.

Ils constatent aussi que le projet n’a pas pu être soumis à leur attention pour avis, en raison de la pandémie du COVID-19 qui a obligé le report des deux sessions du CIC-Angkor en 2020 à janvier 2021.