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Recommandation générale sur la sculpture des ouvrages neufs dans la restauration des temples d’Angkor

Le remplacement d’ouvrages sculptés est souvent nécessaire pour des raisons de stabilité structurelle ou pour des raisons de disparition, ou encore pour redonner une cohérence d’ensemble à un ouvrage particulier. Cependant, le groupe d’experts en conservation souhaite rappeler les éléments suivants en matière d’intervention sur les monuments tels que définis dans des chartes internationales, particulièrement le Document de Nara sur l’authenticité et la Charte d’Angkor :
1. La conservation du matériau originel et sa restauration doivent toujours être préférées à tout remplacement, afin de conserver au maximum l’authenticité de l’ouvrage.
2. Le remplacement éventuel d’un ouvrage sculpté, doit s’appuyer sur une recherche historique, documentaire, analogique et doit être parfaitement documenté et justifié.
3. Une fois en place, l’ouvrage neuf à sculpter doit être parfaitement perceptible pour un œil averti.
4. a) Si aucune information n’existe sur les motifs des décors manquants, ceux-ci ne seront reproduits que dans leur géométrie ou leur formes générales.
b) Si les motifs à reproduire sont connus, ceux-ci se contenteront d’une approche de taille sans restituer totalement le décor afin que la vision globale de l’ouvrage soit préservée et qu’il n’y ait pas ultérieurement d’interprétation subjective.
c) Si une pierre neuve doit être insérée à proximité immédiate d’une pierre ancienne très altérée, ou érodée, un problème d’esthétique se pose et la solution prendra en compte l’harmonie générale de la zone à traiter, pouvant aller jusqu’à l’usure de la pierre neuve.
d) Ces principes de lisibilité de la restauration rappelés, il convient de dire que toute restauration doit être analysée cas par cas, en fonction notamment de l’importance du monument ou des interventions proposées et doit faire l’objet d’une approche collégiale qui seule peut permettre de déroger quelque peu à ces principes.
e) Cette approche de principe n’exclut pas en effet le recours à une restitution plus poussée de sculpture si l’ouvrage à sculpter est isolé, ponctuel, réalisé à titre de témoin, ou de petite taille et si un besoin d’harmonie générale est recherché.
f) Dans ce cas, divers moyens peuvent permettre d’arriver au même souci de lisibilité telle que la datation de l’ouvrage, l’usure artificielle.
5. Enfin, il convient de rappeler qu’une restauration, outre son caractère authentique doit être belle, harmonieuse et agréable à voir pour tous visiteurs et sans tromperie pour des visiteurs avertis. C’est ce qui peut donc justifier le recours à une patine légère des pierres neuves pour que leur teinte générale s’harmonise mieux avec les pierres anciennes.